replyRetour Occlusodontie

L’occlusodontie est une discipline médicale qui dépasse largement la simple analyse des contacts entre les dents. Elle s’intéresse aux muscles, aux articulations, au système nerveux et même à l’état psychologique du patient. Douleurs, craquements, tensions : autant de symptômes qui nécessitent une enquête précise et globale, loin des solutions toutes faites.

Une discipline mal connue

Le mot « occlusodontie » intrigue : il sonne technique, presque mystérieux. Beaucoup pensent qu’il s’agit uniquement de la manière dont les dents s’emboîtent entre elles.
En réalité, l’occlusodontie est une discipline médicale à part entière, bien plus vaste que la simple occlusion dentaire.

Au-delà du syndrome de Costen

Dans les années 1930, un médecin américain, James Costen, a décrit un ensemble de troubles reliant les articulations temporo-mandibulaires (ATM) aux malocclusions dentaires. On a longtemps parlé de syndrome de Costen, encore connu aujourd’hui sous le nom de SADAM (syndrome algo-dysfonctionnel de l’appareil manducateur).
Mais les recherches récentes ont montré que réduire ces troubles à un problème d’occlusion était une vision trop simpliste.

Une science des équilibres complexes


Aujourd’hui, on sait que les algies et dysfonctions de l’appareil manducateur (ADAM) sont multifactorielles. Elles concernent :

  • Les articulations temporo-mandibulaires : craquements, blocages ou douleurs peuvent exister même sans lien avec l’occlusion.
  • Les muscles masticateurs : tensions, spasmes, fatigue ou inflammation.
  • Le système nerveux : certaines douleurs anciennes se mémorisent, deviennent chroniques et persistent sans lésion apparente.
  • Le psychisme et l’émotionnel : stress, anxiété, tics, habitudes nocives ou troubles dépressifs entretiennent les serrements et le bruxisme.
  • L’occlusion dentaire elle-même : qui reste une pièce du puzzle, mais jamais l’unique explication.

Autrement dit, l’occlusodontie est une médecine de la fonction, qui s’intéresse autant aux dents, aux muscles et aux articulations qu’à l’histoire personnelle et psychologique du patient.

Un travail d’enquête

Devant des symptômes comme des douleurs de mâchoire, des craquements, des tensions ou des maux de tête, l’occlusodontiste ne se contente pas de regarder les dents.
Son rôle est celui d’un enquêteur : écouter le patient, analyser les fonctions, examiner la posture, rechercher les habitudes inconscientes, utiliser si nécessaire l’imagerie ou des tests complémentaires.
L’objectif est de comprendre l’origine réelle du trouble, qui peut se situer bien au-delà des contacts dentaires.
Et la gouttière dans tout ça ?
Lorsqu’elle est indiquée, une gouttière occlusale peut devenir un levier thérapeutique important : elle met les muscles au repos, stabilise l’occlusion et soulage les articulations.
Mais ce n’est qu’un outil parmi d’autres, et elle doit toujours être fabriquée sur mesure, avec précision, en fonction du diagnostic posé.

En conclusion

L’occlusodontie ne consiste pas à raboter des dents ni à appliquer une recette unique. C’est une discipline exigeante, qui vise à restaurer l’harmonie entre les dents, les muscles, les articulations, le système nerveux et le vécu psychologique du patient.
Elle demande du temps, de l’écoute et une analyse globale, bien loin des solutions toutes faites.