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Résumé

L’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) est un appareil efficace pour traiter l’apnée du sommeil modérée. Comme tout traitement, elle peut entraîner quelques effets secondaires : une gêne dentaire passagère, des déplacements de dents ou parfois une sollicitation des articulations de la mâchoire. Utilisée correctement, avec une contre-orthèse le matin, elle reste une solution sûre et bénéfique qui permet surtout de mieux respirer et de retrouver un sommeil réparateur.


Douleurs dentaires et inconfort initial


Certaines personnes peuvent ressentir au début une gêne ou des douleurs dentaires.
Ces symptômes sont généralement transitoires et disparaissent après quelques jours ou semaines d’adaptation.
Ils ne constituent pas une contre-indication et sont rarement persistants.


Effets sur l’occlusion dentaire


L’effet secondaire le plus fréquent est une mobilisation des dents.
La mandibule est maintenue en avant par l’orthèse, alors que la musculature est relâchée pendant le sommeil.
Contrairement à une propulsion musculaire active (qui ne transmet pas de forces aux dents), l’OAM s’appuie directement sur les arcades dentaires.


Résultat : la mandibule prend appui sur le maxillaire, ce qui entraîne :

  • un recul progressif de l’arcade supérieure,
  • une version postérieure des incisives supérieures,
  • une version antérieure des incisives inférieures,
  • et parfois l’apparition d’une béance postérieure.


Ces déplacements répondent à la 3ᵉ loi de Newton : toute action entraîne une réaction égale et opposée.


Le rôle de la contre-orthèse


Pour limiter ces effets, une contre-orthèse doit être portée chaque matin pendant environ 20 minutes.
Elle remet les dents en bonne position et compense les mobilisations nocturnes liées à l’OAM.
C’est une mesure indispensable pour préserver l’équilibre occlusal et limiter les déplacements dentaires.


Effets sur les articulations temporo-mandibulaires (ATM)


On pourrait craindre que l’avancée mandibulaire soit néfaste pour les articulations.
En réalité, la propulsion décomprime souvent les ATM, car elle augmente l’espace articulaire.
Ce mécanisme améliore généralement leur physiologie et n’aggrave pas les luxations discales préexistantes.


👉 Cependant, si la propulsion n’est pas symétrique dès le départ — en raison d’un défaut d’enregistrement de la position thérapeutique (prise d’occlusion) — la mandibule peut être propulsée avec une latéralisation anormale.
Dans ce cas, un condyle est correctement propulsé, tandis que l’autre, insuffisamment avancé, subit des contraintes excessives à l’origine d’un syndrome douloureux.


C’est pourquoi la titration de l’orthèse doit toujours inclure un contrôle attentif de la symétrie.
Le praticien ajuste progressivement la propulsion pour rééquilibrer les deux articulations et, si nécessaire, l’adapter à l’anatomie propre de chaque patient.


Et le bruxisme ?


Le bruxisme (grincement des dents) est parfois cité comme une contre-indication.
En pratique, une orthèse bien conçue et suffisamment robuste peut parfaitement être portée par des bruxeurs.
Ce n’est donc pas une limite stricte, mais un paramètre à prendre en compte lors de la conception.


Un bénéfice vital qui prime


Même avec ces effets secondaires potentiels, le bénéfice d’une OAM reste majeur.
Pouvoir respirer correctement la nuit, réduire les apnées et retrouver un sommeil réparateur est une priorité absolue.
Le pronostic vital peut être engagé en cas de SAOS non traité (risque cardiovasculaire, AVC, fatigue chronique sévère).
Aucune contrainte occlusale ou dentaire ne doit primer sur la nécessité de traiter l’apnée.