Résumé
Beaucoup de parents se demandent à quel moment il faut commencer un traitement orthodontique. La réalité est que ce n’est pas une question d’âge précis, mais plutôt de croissance et d’évolution du squelette. Comprendre l’influence du maxillaire, de la mandibule, de la respiration, de la langue ou encore des habitudes comme le pouce et la tétine est essentiel pour savoir quand agir, et pourquoi un dépistage précoce dès 4 ans est recommandé.
👉 Ce n’est pas une question d’âge mais d’évolution de la croissance et du squelette.
1. Comprendre la différence entre dents et squelette
L’orthodontie ne s’intéresse pas seulement aux dents.
- Les traitements qui cherchent à agir sur la croissance du maxillaire ou de la mandibule concernent avant tout le squelette, pas la position des dents.
- Peu importe donc que l’enfant ait ses dents de lait ou déjà ses dents définitives : ce qui compte, c’est la possibilité d’agir sur les structures osseuses qui conditionnent la croissance du visage, la mastication et la respiration.
2. Les traitements précoces : guider la croissance du maxillaire
Les interventions les plus utiles concernent souvent le maxillaire :
- Si le palais est trop étroit, cela provoque des anomalies respiratoires, une respiration buccale et une croissance faciale vers le bas (syndrome de la “long face”).
- Cette étroitesse perturbe aussi la croissance mandibulaire, déviée par une instabilité occlusale.
- Si le maxillaire est en retrait (et non la mandibule trop en avant), il est possible de stimuler sa croissance grâce aux sutures, notamment avec des appareils comme le masque de Delaire.
👉 Ces corrections profitent de la malléabilité des sutures du visage :
- L’expansion du palais est efficace avant l’adolescence.
- La traction du maxillaire vers l’avant est possible tant que les sutures ne sont pas fermées, donc assez tôt dans l’enfance.
3. Pourquoi la largeur du palais est si importante
Un palais trop étroit a plusieurs conséquences :
- Sur la respiration : la langue n’a plus assez de place et l’enfant respire par la bouche.
- Sur la mandibule : sa croissance est déviée et instable.
- Sur la langue : moins elle peut se loger dans la voûte palatine, plus elle s’abaisse dans la mandibule.
👉 On parle alors de langue basse propulsive, qui pousse vers l’avant l’arcade dentaire inférieure, aggravant les décalages.
4. Le rôle clé de l’occlusion dans la croissance
Corriger une rétro-maxillie et redonner un bon articulé dentaire entre les deux arcades permet de relancer une croissance harmonieuse entre maxillaire et mandibule.
- Un articulé inversé antérieur associé à une langue basse favorise au contraire l’aggravation d’une classe III, en laissant la mandibule croître sans frein.
5. Croissance mandibulaire : un facteur génétique
Contrairement au maxillaire, la croissance de la mandibule est largement déterminée par l’hérédité.
- Les appareillages censés stimuler la croissance mandibulaire donnent souvent des résultats dentaires et non squelettiques.
- Les “gouttières fonctionnelles” ou appareils dits orthopédiques n’augmentent pas réellement la longueur de la mandibule : ils suivent simplement la croissance naturelle de l’adolescence.
👉 Mieux vaut donc éviter des traitements précoces inutiles qui contraignent les enfants sans bénéfice réel.
6. Quand attendre l’évolution des dents
S’il n’existe pas de trouble fonctionnel ni d’anomalie de croissance du maxillaire ou de la mandibule, on attend simplement l’éruption de toutes les dents définitives pour traiter les problèmes d’alignement (avec ou sans extractions).
Certains problèmes sont cependant indépendants de la croissance squelettique et concernent uniquement l’évolution dentaire. Ils incluent par exemple :
- des dents incluses (comme les canines qui restent bloquées),
- des dents absentes par agénésie (qui ne se forment pas),
- ou au contraire des dents surnuméraires (en excès).
👉 Ces situations doivent être évaluées au cas par cas, car elles relèvent d’un suivi attentif de l’évolution des dents et peuvent nécessiter des interventions précoces pour guider ou libérer l’éruption.
7. Le rôle des fonctions : déglutition et phonation
Les anomalies fonctionnelles doivent être corrigées dès que l’enfant est assez grand pour comprendre les exercices :
- Déglutition atypique,
- Troubles de la phonation,
- Habitudes entraînant des béances antérieures ou latérales.
👉 Ces rééducations ont leurs limites, car certaines fonctions sont héritées génétiquement. Essayer de les corriger reste toujours utile, mais les résultats sont souvent aléatoires.
8. La question du pouce et de la tétine
L’arrêt de la succion du pouce ou de la tétine est important le plus tôt possible. Ces habitudes perturbent avant tout l’évolution locale des dents, provoquant souvent des béances antérieures que l’on peut corriger par la rééducation.
- Elles n’influencent pas la quantité de croissance mandibulaire.
- Toutefois, une succion intense et prolongée du pouce peut provoquer une bascule du maxillaire vers l’avant. Heureusement, cette bascule est généralement facile à corriger par des appareils orthopédiques.
✅ En résumé
- L’âge importe moins que l’état de croissance du squelette et des fonctions.
- Les traitements précoces visent surtout le maxillaire (largeur, position vers l’avant).
- La mandibule, elle, suit surtout un programme génétique, peu modifiable par les appareils.
- Les fonctions (respiration, langue, déglutition) jouent un rôle clé et doivent être surveillées très tôt.
- L’arrêt précoce de la succion du pouce ou de la tétine évite des troubles fonctionnels persistants et des malpositions dentaires.
- Les problèmes purement dentaires (dents incluses, absentes ou surnuméraires) nécessitent un suivi individualisé et parfois des interventions spécifiques.
- 👉 Un examen de dépistage dès l’âge de 4 ans est essentiel pour repérer tôt les anomalies de croissance et les corriger efficacement.
Découvrez quand commencer un traitement orthodontique : croissance du maxillaire, de la mandibule, fonctions et dépistage recommandé dès 4 ans.