Beaucoup de patients pensent savoir ce qu’est un orthodontiste. Pourtant, derrière ce mot, il existe de grandes différences de parcours, de formation et de compétences. Aujourd’hui, avec la mode de l’alignement dentaire par gouttières, la confusion est encore plus grande : tous ceux qui proposent un alignement ne sont pas pour autant de vrais orthodontistes.
Alors, comment savoir à qui vous confiez votre sourire et votre santé ? Voici les points essentiels à connaître.
Tout praticien peut s’intituler orthodontiste… mais tous ne le sont pas
En France, le titre d’orthodontiste n’est pas protégé par la loi. Concrètement, cela veut dire que n’importe quel chirurgien-dentiste peut pratiquer des actes orthodontiques et se présenter comme orthodontiste, même sans formation approfondie dans ce domaine.
Pour le patient, cela crée une confusion : il est difficile de savoir si le praticien a réellement une expertise en orthodontie ou s’il se contente d’utiliser des dispositifs proposés par des laboratoires.
👉 Exemple concret : certains dentistes se contentent de poser des aligneurs ou des bagues selon une recette préétablie, sans avoir effectué un diagnostic orthodontique complet. Le risque est d’obtenir un sourire apparemment aligné… mais avec une occlusion instable, des gencives fragilisées ou des douleurs à long terme.
⚠️ L’orthodontie ne se résume pas à déplacer des dents. C’est une spécialité médicale complexe, qui implique un diagnostic précis, une compréhension de la croissance et une prise en compte de la santé globale du patient.
Des parcours très différents selon les praticiens
Des écoles et philosophies divergentes
Tous les orthodontistes n’ont pas été formés de la même manière. Certaines écoles d’orthodontie privilégient une vision dogmatique, avec des “recettes” toutes faites ou des philosophies héritées de gourous de l’orthodontie.
Cela peut conduire à des traitements stéréotypés, appliqués sans tenir compte de la singularité de chaque patient. Par exemple, certains courants privilégient presque toujours les extractions dentaires, tandis que d’autres les rejettent systématiquement. Dans les deux cas, il s’agit d’un excès de dogmatisme : un vrai orthodontiste sait qu’il n’existe pas de règle absolue et que tout dépend du diagnostic individuel.
Le rôle central du diagnostic
Un traitement orthodontique sérieux ne commence jamais par le choix d’un appareil. Il commence par un diagnostic médical approfondi :
- Étude des bases osseuses (mâchoires et crâne),
- Analyse de la croissance,
- Examen de l’occlusion (rapport des dents entre elles),
- Évaluation des tissus de soutien (parodonte, gencives, os).
Ce n’est qu’après cette étape qu’un traitement peut être décidé et adapté. Aligner les dents sans diagnostic revient à donner du paracétamol à une personne fiévreuse sans chercher la cause de la fièvre.
👉 C’est pourquoi il est essentiel de comprendre que les compétences en diagnostic orthodontique sont la base du métier d’orthodontiste.
Pourquoi deux orthodontistes ne donnent pas toujours le même avis ?
Il arrive souvent qu’un patient consulte deux praticiens et obtienne deux propositions radicalement différentes. Cela ne signifie pas forcément que l’un a tort et l’autre raison, mais que l’orthodontie n’est pas une science mécanique, et que plusieurs approches peuvent exister.
Différences de diagnostic
Un orthodontiste peut diagnostiquer un problème squelettique nécessitant un traitement précoce, tandis qu’un autre jugera que la croissance permettra une correction spontanée ou qu’il vaut mieux attendre.
👉 Exemple : un enfant avec les “dents en avant” peut être pris en charge très tôt pour corriger une mâchoire en retrait, ou au contraire surveillé quelques années pour intervenir au moment le plus favorable.
Différences de plan de traitement
Certaines divergences portent sur les extractions dentaires. Pour un même encombrement, un orthodontiste pourra estimer que l’extraction est indispensable, tandis qu’un autre cherchera à gagner de la place par expansion ou par d’autres techniques.
👉 Pour le patient, ces différences sont déroutantes. Mais elles rappellent une règle simple : ne pas hésiter à demander un second avis en cas de doute.
Une culture médicale inégale en odontologie
L’orthodontie ne peut pas être isolée des autres disciplines dentaires. Pourtant, certains orthodontistes n’ont jamais pratiqué l’odontologie générale et manquent de culture sur la santé globale de la dentition adulte.
Parodontologie : la santé des gencives et de l’os
Les dents ne tiennent pas seulement par leur alignement. Elles reposent sur un support osseux et des gencives. Déplacer des dents sans tenir compte de la parodontologie peut fragiliser ce support et créer des récessions gingivales ou une perte osseuse.
👉 Exemple : un adulte traité par aligneurs sans surveillance parodontale peut perdre du tissu de soutien, compromettant la stabilité du résultat.
Occlusodontie : l’équilibre de la mâchoire
L’occlusion (la manière dont les dents s’emboîtent) est essentielle pour éviter les désordres de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) et les douleurs musculaires.
Un orthodontiste qui ignore cette dimension peut créer une belle arcade dentaire… mais provoquer des migraines, des tensions musculaires ou des blocages articulaires.
👉 Un vrai orthodontiste doit donc avoir des bases solides en occlusodontie et comprendre que chaque mouvement dentaire a un impact sur l’équilibre global de la bouche.
L’influence des grands maîtres de l’orthodontie
Tous les praticiens n’ont pas eu accès aux enseignements de figures majeures de l’orthodontie comme le Professeur Jean Delaire. Ce dernier a révolutionné la compréhension de la croissance maxillo-faciale et de ses possibilités de correction.
Grâce à ses travaux et à ceux d’autres experts, certains orthodontistes ont développé une vision élargie :
- Compréhension des mécanismes de croissance du crâne et de la face,
- Utilisation d’analyses céphalométriques précises,
- Intégration de la médecine dans la pratique orthodontique.
👉 Ceux qui n’ont pas bénéficié de ce type d’enseignement risquent de se limiter à une approche purement mécanique de l’orthodontie, en oubliant que chaque patient est unique et doit être traité selon sa biologie.
Le poids de l’expérience clinique
L’expérience joue un rôle fondamental. Un orthodontiste ayant travaillé en milieu hospitalier ou confronté à des cas sévères acquiert une vision plus large que celui qui ne traite que des cas simples d’alignement.
L’hôpital : une école d’exigence
À l’hôpital, on rencontre des malformations sévères, des anomalies squelettiques complexes, des pathologies rares. Cela forge une compétence particulière : celle de savoir diagnostiquer et traiter des situations difficiles, puis d’appliquer ce savoir-faire dans des cas plus simples.
La pratique libérale : le recul des années
Avec plusieurs décennies d’expérience, un orthodontiste apprend à observer les résultats dans le temps. Il sait ce qui tient, ce qui rechute, et ce qui fragilise la dentition.
👉 C’est cette vision à long terme qui fait la différence entre un alignement esthétique temporaire et un véritable traitement orthodontique durable.
Attention à la mode des gouttières d’alignement
Les gouttières transparentes ont révolutionné l’image de l’orthodontie : confortables, discrètes, faciles à poser. Mais elles ont aussi créé une dérive inquiétante.
Un marketing agressif
De nombreux laboratoires séduisent les praticiens en leur promettant des traitements simples, rapides et rentables. Résultat : des dentistes non formés à l’orthodontie se lancent dans l’alignement.
Un danger pour les patients
- Les gouttières alignent les dents… mais sans diagnostic global.
- Elles ne corrigent pas les déséquilibres squelettiques, ni les problèmes d’occlusion.
- Elles peuvent même créer de nouveaux troubles : douleurs, déchaussements, instabilité.
👉 Exemple : un patient traité uniquement par aligneurs pour “resserrer ses dents” peut se retrouver avec une mauvaise occlusion, source de migraines et de douleurs musculaires.
En résumé : qu’est-ce qu’un bon orthodontiste ?
Un bon orthodontiste, ce n’est pas celui qui aligne les dents le plus vite. C’est celui qui :
- ✅ A suivi une formation solide auprès de véritables enseignants.
- ✅ Pose un diagnostic complet et personnalisé.
- ✅ Refuse les dogmes et les recettes toutes faites.
- ✅ Connaît les disciplines associées (parodontologie, occlusodontie, médecine du sommeil).
- ✅ A une expérience clinique variée et approfondie.
👉 En un mot, un orthodontiste compétent est avant tout un médecin qui soigne une pathologie, et non un technicien qui aligne des dents.
Conclusion
Choisir son orthodontiste, c’est choisir bien plus qu’un appareil ou une technique. C’est choisir un praticien capable de comprendre votre croissance, vos mâchoires, vos dents, vos gencives et votre occlusion dans leur globalité.
- Avant de commencer un traitement, posez-vous ces questions :
- Qui est réellement mon orthodontiste ?
- A-t-il reçu une formation reconnue ?
- Dispose-t-il d’une expérience clinique solide ?
- Intègre-t-il la santé parodontale et l’occlusion dans son diagnostic ?
Car au final, un beau sourire ne suffit pas. Ce qui compte, c’est un sourire stable, fonctionnel et en bonne santé… pour toute la vie.