Quand on parle d’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM), certains imaginent une simple « gouttière ». Pourtant, ce n’est pas du tout le cas.
Une orthèse n’a rien à voir avec les gouttières que l’on utilise en occlusodontie pour soulager des tensions musculaires ou protéger les dents du bruxisme. L’orthèse est un véritable dispositif médical, constitué de deux gouttières unies entre elles, qui permet d’avancer la mâchoire inférieure pendant le sommeil pour dégager les voies respiratoires au niveau du pharynx.
Son objectif ? Traiter efficacement les apnées obstructives du sommeil (SAOS) en maintenant les voies aériennes mécaniquement ouvertes.
Mais pour qu’une orthèse soit efficace et bien tolérée, elle doit respecter plusieurs critères de fabrication et d’ajustement extrêmement précis, que seul un praticien expérimenté peut garantir.
1. Une empreinte de haute précision : la base de tout
La fabrication de l’orthèse commence par la prise d’empreintes de vos deux arcades dentaires. C’est une étape capitale.
Que ce soit par méthode traditionnelle (pâtes à empreintes) ou par scanner numérique, il est impératif que toutes les dents soient parfaitement enregistrées, en particulier les dents postérieures (molaires et prémolaires). Ce sont elles qui assurent la stabilité et la répartition des forces.
Une empreinte approximative ou incomplète compromet la qualité de l’orthèse, provoque des déséquilibres et augmente le risque de douleurs articulaires ou de mauvais maintien.
2. Une orthèse bien ajustée ne doit pas “serrer” les dents
Lorsque l’orthèse est posée, le patient ne doit faire aucun effort pour la maintenir en bouche. Si les dents doivent se contracter ou si l’appareil semble « trop serré », c’est le signe d’un mauvais ajustage.
Une bonne orthèse s’insère facilement, se retire sans douleur, et épouse parfaitement la denture au repos, sans solliciter inutilement les muscles masticateurs.
Ce confort est non seulement souhaitable, mais aussi indispensable à la santé des articulations temporo-mandibulaires (ATM).
3. Un équilibre parfait entre la gouttière supérieure et la gouttière inférieure
L’orthèse est constituée de deux gouttières solidarisées qui maintiennent la mâchoire inférieure avancée. Ces deux parties doivent être parfaitement équilibrées.
Toute asymétrie entre le haut et le bas, toute inclinaison excessive, peut perturber le fonctionnement articulaire :
• compressions douloureuses au niveau des ATM,
• déclenchement de claquements articulaires,
• voire luxations discales chez certains patients.
L’ajustement est donc bi-articulaire autant que dentaire.
4. Une avancée progressive et personnalisée
Lors de la pose, la mandibule est avancée à environ 70 % de sa capacité maximale. Ce réglage initial permet de commencer le traitement sans excès de tension.
Ensuite, l’orthèse est titrée progressivement à chaque rendez-vous, selon les résultats, la tolérance du patient, et l’objectif thérapeutique. Le but est d’atteindre l’avancée optimale, celle qui permet de restaurer une respiration fluide sans créer d’effets secondaires.
Cette progression nécessite un suivi rigoureux : chaque patient est différent, et chaque anatomie mandibulaire réagit différemment.
En résumé
L’orthèse d’avancée mandibulaire n’est pas une simple gouttière, mais un dispositif médical complexe, réalisé sur mesure, et nécessitant :
• une empreinte ultra-précise de toutes les dents,
• un ajustement sans tension,
• une coordination parfaite entre les deux arcades,
• une avancée mandibulaire progressive et maîtrisée.